Des chiens pour soigner le stress post-traumatique des soldats
Le golden retriever pose d'abord sa tête sur les genoux du soldat, puis ses pattes sur ses épaules: l'Ukraine, où la guerre avec les séparatistes prorusses continue, utilise des chiens pour aider les combattants à surmonter le stress post-traumatique.
D'abord tendu et replié sur lui-même, Vassyl, sergent blessé sur le front et hospitalisé depuis plus d'un mois, finit par succomber au charme de l'animal, Ricky, et joue avec lui dans un couloir du principal hôpital militaire du pays, un vaste complexe du centre de Kiev.
"C'est peut-être le meilleur calmant", confie à l'AFP, tout sourire, cet homme maigre de 47 ans dont c'est le premier rendez-vous avec son "thérapeute" poilu, qui porte un harnais orange avec l'inscription "Chien de service" et "Ami d'un héros". Comme d'autres personnes interrogées pour cet article, il a refusé de donner son nom de famille.
L'est de l'Ukraine est depuis six ans en proie à une guerre qui a fait plus de 13.000 morts avec les séparatistes prorusses. Plus de 4.000 soldats de Kiev ont péri sur le front et quelque 10.000 ont été blessés sur plus d'un demi-million de personnes qui ont servi dans les rangs de l'armée ukrainienne ou continuent de le faire.
Largement héritée de l'époque soviétique, l'armée ukrainienne était en ruine quand les hostilités ont commencé. Depuis, le gouvernement aidé par des bénévoles a substantiellement amélioré son état matériel et le traitement hospitalier des ses militaires.
- Victimes de discriminations -
Mais face au manque de moyens dans ce pays, un des plus pauvres en Europe, la santé mentale, taboue, passe au second plan. "L'Etat fait quelque choses positives" mais "des efforts systémiques manquent", estime Rodion Grigorian, un psychologue faisant du bénévolat avec les militaires.
Les autorités n'ont même pas "d'informations précises" sur le nombre de soldats touchés par le syndrome de stress post-traumatique (SSPT), a reconnu auprès de l'AFP la ministre des Affaires des vétérans Oksana Koliada peu après être remplacée lors d'un remaniement gouvernemental. En général, dans le monde, ce problème concerne "plus de 10%" des militaires, se borne-t-elle à dire.
Les risques pourtant ne sont pas négligeables: le trouble peut provoquer insomnies, conduites addictives, dépressions et idées suicidaires, ainsi que conduire à des agressions à l'égard des autres, surtout des membres de familles.
Le chef de la commission parlementaire pour les affaires des vétérans a estimé en 2018 à plus d'un millier le nombre de suicides parmi les ex-combattants depuis le début du conflit, mais les statistiques officielles n'existent pas et le gouvernement n'a lancé que l'an dernier un numéro vert pour lutter contre le phénomène.
La situation est d'autant plus sensible que la société ukrainienne est divisée vis-à-vis des combattants: pour les uns, ce sont des "héros" mais d'autres leur reprochent une vie aisée aux dépens des civils à cause de la hausse importante de leurs salaires depuis le début du conflit.
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